humeur du 24/04/2017
Les drogues sont un sujet politique rare et sporadique. Il n’est traité que lorsqu’il suscite un débat de type binaire, comme les chérissent beaucoup de zappeurs et débatteurs. Les drogués sont-ils de vilains jouisseurs ou de fragiles victimes ? Faut-il les punir ou les aider ? La salle de shoot étant devenu le lieu ultime d’affrontements entre les outrances pénalistes et caritatives. Bref, les drogués sont-ils, comme les immigrés, les fonctionnaires, ou les financiers, la cause ou la conséquence des turpitudes de l’Histoire.
Un raisonnement dichotomique oppose les drogues licites et illicites, thérapeutiques et récréatives, dures et douces (c’est-à-dire rapidement addictive ou non), enfin, selon qu’elles induisent ou non des comportements risqués et antisociaux.
Mais, très vite, l’observation des faits conduit à interrompre tout raisonnement de type binaire.
L’alcool, qui fait partie des drogues les plus dures, et les plus inductrices de comportements risqués et antisociaux, est aussi la plus licite, la plus accessible et la plus répandue.
Les opioïdes (morphine, héroïne) qui sont les plus rapidement addictives, les plus antisociales et les plus toxiques, sont prescrite avec un grand laxisme d’indications par les médecins, ceux-là même qui sont en charge de la prévention et du traitement des addictions.
Les benzodiazépines qui sont assez toxiques et très rapidement addictives, sont distribuées avec une légèreté déconcertante et remboursées par la sécurité sociale.
Le cannabis, essentiellement récréatif, est illicite malgré son niveau de risque en deçà des précédents.
Les amphétamines, ont été longtemps prescrites et remboursées, elles ont même été judicieusement masquées jusqu’à la récente mésaventure du Mediator.
Les antidépresseurs, inducteurs de suicides, d’addictions relativement rapides, restent abondamment prescrits et remboursés malgré leur échec thérapeutique quasi constant.
Occasion de rappeler ici que dans toutes les civilisations les drogues récréatives et thérapeutiques étaient clairement dissociées. Curieusement, la médecine est devenue, de loin, la première pourvoyeuse d’addictions. Ce commerce lucratif nous fait oublier que dans la plupart des troubles psychologiques et des pathologies psychiatriques (hors psychoses), les thérapies comportementales sont largement supérieures aux diverses drogues licites et remboursées.
Il apparaît que la définition des drogues et leur acception publique demeurent bien vagues. Devant la difficulté d’être binaire, soyons le sans pondération, le seul véritable problème des drogues n’est pas celui de leur caractère licite ou illicite, de leur dangerosité, de leur dureté, ou de leur asocialité, il est peut-être essentiellement celui de leur remboursement…
Il n’existe que deux types de drogues, celles qui sont remboursées et celles qui ne le sont pas.
Beauchamp GA, Winstanley EL, Ryan SA, Lyons MS
Moving beyond misuse and diversion: the urgent need to consider the role of iatrogenic addiction in the current opioid epidemic
Am J Public Health. 2014 Nov;104(11):2023-9
DOI : 10.2105/AJPH.2014.302147
Billioti de Gage S et coll
Benzodiazepine use and risk of dementia: prospective population based study
BMJ 2012 ;345: e6231
Chou R, Turner JA, Devine EB, Hansen RN, Sullivan SD, Blazina I, Dana T, Bougatsos C, Deyo RA
The effectiveness and risks of long-term opioid therapy for chronic pain: a systematic review for a National Institutes of Health Pathways to Prevention Workshop
Ann Intern Med. 2015 Feb 17;162(4):276-86
DOI : 10.7326/M14-2559
Cicero TJ et coll
The changing face of heroin use in the United States : a retrospective analysis of the past 50 years
JAMA Psychiatry, 2014 ; 71 : 821–826
Dart RC, Surratt HL, Cicero TJ, Parrino MW, Severtson SG, Bucher-Bartelson B, Green JL
Trends in opioid analgesic abuse and mortality in the United States
N Engl J Med. 2015 Jan 15;372(3):241-8
DOI : 10.1056/NEJMsa1406143
Dhalla IA , Persaud N, Juurlink DN
Facing up to the prescription opioid crisis
BMJ, 343, 5142, 2011
DOI : http://dx.doi.org/10.1136/bmj.d5142
Galinkin J, Koh JL
Recognition and management of iatrogenically induced opioid dependence and withdrawal in children
Pediatrics. 2014 Jan;133(1):152-5
DOI : 10.1542/peds.2013-3398
Gotzsche P
Psychiatrie mortelle et déni organisé
PUL, 2017
Leonard J Paulozzi, Christopher M Jones, Karin A Mack, Rose A Rudd
Vital Signs: Overdoses of Prescription Opioid Pain Relievers - United States, 1999--2008
http://www.cdc.gov/mmwr/preview/mmwrhtml/mm6043a4.htm
Merino JG
slowing the opioid analgesic overdose epidemic
BMJ 2013;346:f730
Moncrieff J, Wessely S, Hardy R
Active placebos versus antidepressants for depression
Cochrane Database Syst Rev. 2004;(1):CD003012
Rawson RA et coll
OxyContin abuse : who are the users ?
Am J Psychiatry 2007 ; 164 : 1634-1636
Rosier Florence
Benzodiazépines, une overdose française
Le Monde du 12 janvier 2013
Tavernise Sabrina
F.D.A. Likely to Add Limits on Painkillers
The New-york Times, January 25, 2013
Van Zee A
The Promotion and Marketing of OxyContin: Commercial Triumph, Public Health Tragedy
Am J Public Health. 2009 February; 99(2): 221–227
DOI : 10.2105/AJPH.2007.131714
Zwart JA, Dyb G, Hagen K, Svebak S, Holmen J
Analgesic use : a predictor of chronic pain and medication overuse headache :the Head-HUNT study
Neurology. 2003 Jul 22;61(2):160-4
Site médical sans publicité
et sans conflit d'intérêts.
Pailles de la prévention - Les jours de grande pollution, de nombreux messages officiels recommandent de garder les jeunes [...]
Soigneurs et soignants - Le domaine du soin est vaste ; on peut soigner son jardin, sa voiture, ses enfants, son chat. [...]
Pygmalion a de la poigne - Voyant Pygmalion fol amoureux de la sculpture qu’il venait de réaliser, Aphrodite la [...]
Mes règles d'or - Issue de la culture judéo-chrétienne, la « Règle d'or » enjoint de faire à autrui ce que [...]
Faut-il abandonner les obligations vaccinales ? - L’État français vient d’être condamné à verser une indemnisation de 2 400 000 € à une [...]
L'humanité a quitté les lois de l'évolution biologique dès ses origines et s'est engagée dans une destinée qui lui est propre, et où gouvernent absolument les lois de sa seule pensée. Cette mécanique infernale ne possède pas de règle connue : elle se transforme en termes chaotiques en première apparence, car aucune approche scientifique n'a jamais osé combiner la biologie d'une espèce avec les aléas de ses idéologies.
― Marcel Otte